vendredi 21 juin 2013

A Louxor, la ville se mobilise contre la nomination d'un terroriste au poste de gouverneur




Les professionnels du tourisme et les habitants de la ville antique de Louxor ont exprimé leur colère après la nomination d' Adel el-Khayat au poste de gouverneur de la région par Mohamed Morsi.
El-Khayat fait partie des neufs islamistes nommés à des fonctions de gouverneurs, parmi les dix-sept désignés ce lundi.

Adel el-Khayat n'est pas un inconnu à Louxor : il est lié à un groupe islamiste qui avait commis une sanglante attaque contre les sites touristiques de la ville dans les années 1990, causant la mort de 60 touristes et faisant plusieurs dizaines de blessés.
La population menace de sceller son bureau pour empêcher le nouveau gouverneur de s'installer.

Le tourisme est la pierre angulaire de l'activité économique de Louxor, qui abrite certains des temples les plus spectaculaires de l'Egypte, ainsi que des tombes de pharaons –dont celle de Toutankhamon.
L'instabilité politique des deux dernières années en Egypte a provoqué un effondrement du tourisme – et donc de l'économie de la ville.
Les professionnels du tourisme se sont déclarés particulièrement inquiets des répercussions que pourrait avoir la nomination d'un islamiste radical lié à un groupe terroriste violent au poste de gouverneur.



"Est-il concevable que ceux qui ont préparé, participé ou joué un rôle dans le massacre de Louxor, deviennent les dirigeants de la ville même s'ils se sont repentis", déclare Tharwat Agamy, le responsable de la Chambre de Tourisme de Louxor.
Avec d'autres, dans l'industrie touristique, il fait partie de ceux qui veulent poser des haines au bâtiment du gouvernorat et "renvoyer El-Khayat à l'aéroport".

El-Khayat appartient au parti de la Construction et du Développement partie, le bras politique de la Jamaa Islamiya, qui a mené une sanglante insurrection armée contre l'Etat égyptien à partir de 1992: attentats, attaques de policiers, mais aussi de chrétiens Coptes et de touristes étaient leur moyen d'action préféré.
En 1997, des hommes armés appartenant à la Jamaa Islamiya ont attaqué des touristes qui visitaient Louxor; 58 personnes avaient été sommairement exécutées à coup de feu et de couteaux.
On impute plus de 1.200 morts à la campagne de violence menée par le groupe, associé au Jihad islamique.
Secoués par la vague de répression menée par le gouvernement, l'armée et les services de renseignements d'Hosni Moubarak, les deux groupes terroristes ont officiellement renoncé à la violence dans les années 2000.

Depuis la chute de Moubarak au début 2011, les deux groupes terroristes qui étaient en sommeil ont lancé des partis politiques, et la Jamaa Islamiya est aujourd'hui officiellement alliée au régime de Mohammed Morsi.
Tharwat Agamy dénonce la nomination d' el-Khayat comme un acte politique de Mohamed Morsi, affirmant "qu'elle visait à consolider le soutien au président parmi les extrémistes islamistes".
L'opposition libérale a prévu d'organiser des manifestations pour protester contre cette nomination, sous la menace puisque la Jamaa Islamiya a prévenu "qu'elle casserait les manifestations hostiles à la révolution islamique".

El-Khayat affirme, lui, dit qu'il ne sera pas influencé par son appartenance politique.
"Je suis honoré d'appartenir au courant islamiste, mais en tant que gouverneur, je suis au service de la nation", at-il déclaré par courriel à l'agence Associated Press, affirmant par ailleurs que la Jamaa Islamiya n'était pour rien dans l'attentat… qu'elle avait largement revendiqué.

L'un de ses leaders, Rifai Ahmed Taha, un vétéran du djihad en Afghanistan soupçonné d'avoir été un proche du leader d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, vit aujourd'hui librement en Egypte.
Jamaa Islamiya appelle aujourd'hui à une application stricte de la charia – avec notamment l'interdiction de l'alcool, la non mixité des sexes, le respect du code vestimentaire islamique pour les femmes.
De possibles mesures qui ne font que renforcer l'inquiétude sur l'activité touristique, principal employeur de la région.

En 2011 déjà, le nombre de touristes dans le pays avait plongé de près de 15 millions en 2010 à 9,8 millions, un chiffre qui a stagné en 2012.
Mais les touristes restent désormais dans les stations balnéaires de la mer Rouge, loin des sites historiques.


Source Israel Infos