lundi 3 juin 2013

Polemique en Belgique. La FEF pousse au boycott Universitaire d'Israël



Dans une motion, la Fédération des étudiants francophones (FEF) demande à ce que soient rompues toutes relations avec les universités israéliennes. Son président dénonce un « grand manque d’honnêteté intellectuelle » de la part de ses détracteurs.

David Méndez Yépez, président de la Fédération des étudiants francophones (FEF), répond à la polémique provoquée par le vote d’une motion qui demande « un gel des relations avec les universités israéliennes ».
Est-ce que vous comprenez que cette motion, votée les 13 avril dernier, fasse autant polémique ?
La raison pour laquelle elle n’est sortie que maintenant (elle a été votée le 13 avril), c’était justement pour prendre le temps rassurer les gens qui seraient choqués ou interpellés par notre position. C’est pour cette raison que nous ne sommes pas sortis dans les médias il y a un mois. J’avais été interpellé par certains acteurs politiques et je voulais d’abord les rencontrer pour les rassurer. C’est le premier aspect.

L’ampleur de la polémique vous surprend-elle ?
Nous ne sommes pas surpris que la question fasse débat, mais du contenu des réactions. Les réactions cherchent d’une part à communautariser le débat et d’autre part à discréditer la fédération au lieu de contrecarrer le fond de nos arguments. On communautarise le débat. On le rend passionnel. On essaye de nous discréditer sur des aspects formels et pas sur le fond. La réaction massive – parce que j’ai reçu presque une centaine de SMS ou d’e-mails – autant positive que négative, mais les réactions négatives étaient très virulentes et ne parlaient pas du tout du fond, essaye de discréditer la FEF. Et d’autre part, nous amène vers un combat communautaire qui n’a pas lieu d’être pour nous. C’est vraiment à coup d’arguments et en dépassionnant le débat qu’on arrivera à améliorer la situation de tous les étudiants, dont celle des étudiants palestiniens.

Quelle est dès lors la position de la FEF ?
La position de la Fédération est très claire et très nuancée : premièrement elle prône une mesure importante pour forcer un changement de politique qu’elle appelle de ces voeux mais cette mesure se veut temporaire. Deuxièmement elle s’adresse aux autorités universitaires et attend de leur part une prise de position allant dans le sens d’une condamnation des violations faites par Israël du droit international, rien de plus! Une fois cette condamnation faite, nous considérons qu’il existe une base pour reconstruire ensemble des liens forts;

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous sortez de votre rôle ?
Notre rôle n’a pas à se limiter à un carcan étriqué. La FEF est à la fois une ORC (Organisation de représentation communautaire) et à la fois une organisation de jeunesse. Dans ces deux cadres, elle peut prendre position sur ce qu’elle veut. J’ajouterai deux éléments : premièrement, le mouvement étudiant s’inscrit dans une société. Quand on défend un enseignement de qualité et accessible à tous, on défend aussi une vision de la société. Quand les étudiants viennent nous voir, il y a quelques années pour voter une motion contre la guerre en Irak, ou quand on soutient les étudiants palestiniens, quand on essaye de trouver une issue juste au conflit, on le fait ! Nous ne vivons pas en vase clos, coupé de notre société. nous sommes étudiants mais avant des citoyens, les travailleurs, les parents de demain et à ce titre, l’avenir de notre société, les orientations qu’elle prend et le projet qu’elle défend nous concerne.
Deuxièmement, si le parlement étudiant décide de soutenir la motion, il la soutient et il est souverain. J’insiste pour dire que le processus démocratique est vraiment bien défini dans nos statuts : c’est un élu local, en l’occurrence de l’UCL dans le cas qui nous intéresse, qui vient avec une position. Il l’envoie aux étudiants au conseil fédéral pour qu’ils en prennent connaissance et puis il y a un débat. Il a été long, mais serein…

Il n’y a pas eu, comme l’affirme le président du CCOJB, Maurice Sosnowski (Le Soir du 31/05), un bureau de la FEF qui a démissionné ce jour-là ?
Pas du tout, c’est complètement faux. C’est rigolo qu’il dise ça parce que moi-même, je suis président de la FEF depuis neuf mois maintenant, je n’ai jamais été menacé, on ne m’a jamais demandé de démissionner. Mon bureau a même été élu à l’unanimité, je crois que c’est la première fois dans l’histoire de l’organisation qu’un bureau est élu de la sorte. Le jour du vote de la motion, l’ambiance état très sereine. le débat a été mené de façon constructive avec une présentation de la note et des argumentants qui poussaient les conseillers à l’initiative du document à afficher une demande aussi forte. La motion a recueilli 85% des suffrages ce qui démontrent que le débat a été soigneusement mené au terme d’un processus de plusieurs mois de réflexion. La première fois que l’idée de réactualiser cette motion a été émise, c’était en novembre dernier. On ne peut pas dire que nous nous soyons précipités.
Je rappelle qu’on représente 120.000 étudiants et 25 établissements différents. Alors qu’on ne me dise pas que, parmi les 500 élus locaux, ils sont tous de la même tendance politique. Et qu’on ne me dise pas non plus qu’ils soient instrumentalisés par qui que ce soit ! C’était un débat très serein. Le bureau de la FEF n’a jamais été remis en question.

Source Lesoir.be