mardi 25 juin 2013

Université hébraïque de Jérusalem : tollé contre un programme d'enseignement séparé pour les hommes et les femmes



L'université Hébraïque de Jérusalem veut proposer un cursus de Gestion des affaires spécialement dédié aux étudiants orthodoxes, qui exigent que les cours soient organisés de manière séparée et distincte pour hommes et femmes. Quelque 300 membres du corps professoral de l'Université ont signé une pétition contre cette proposition. Ils dénoncent la ségrégation sexuelle comme une violation de l'égalité à la base de l'esprit universitaire.

La création de ce cursus reviendra par exemple à interdire à des femmes professeures d'enseigner à des hommes, et entrainera de facto l'exclusion des femmes (alors qu'à l'inverse, les chargés de cours masculins pourront enseigner aux étudiantes).
Ils soulignent par ailleurs que céder à la demande des haredi ne facilitera pas leur intégration dans la société qui est, à la base, le but recherché à travers le programme.
"L'enseignement supérieur doit certes leur être accessible mais pas au prix des principes qui fondent l'université ; il est évident, avertissent-ils, qu'une telle disposition ne résistera pas à l'épreuve d'un recours devant la Haute Cour de justice" déclare leur communiqué.

Pour le vice-recteur de l'Université, le Prof Orna Kupferman, déjà en charge de l'intégration des haredi au sein de l'établissement, cette demande est d'autant plus contraire à tous les principes de l'université et sans fondement qu'il existe déjà dans les cours plus de cinquante étudiants haredi, qui suivent les cours réguliers de l'Université.
Soixante-dix autres étudient dans les classes préparatoires et, affirme-t-elle, "85% d'entre eux veulent continuer à étudier le cursus Gestion des affaires de nos classes régulières".

Un point de vue que ne partage un de ses collègues également impliqué dans l'éducation à destination du public haredi :
"Pour l'instant, le public haredi n'est pas mûr pour venir dans les universités telles qu'elles fonctionnent avec des publics mixtes.
Les obliger à le faire, pourrait tout simplement les exclure des études universitaires, et c'est déjà tellement difficile de les y attirer.".
L'Université hébraïque de Jérusalem a du reste déjà ouvert un cours préparatoire dédié aux haredi, avec enseignement séparé, en collaboration avec l'Institut Magid.

Mais en raison de la forte opposition de son corps professoral sur le même type de traitement pour le cursus Gestion des Affaires, le recteur de l'Université, le professeur Asher Cohen et le président, le professeur Menachem Ben Sasson, ont décidé de ne pas soumettre cette question au vote et de "continuer à examiner la question en profondeur".
Plusieurs universités et collèges comme le Technion de Haïfa ou l'université Bar-Ilan à Tel Aviv délivrent déjà des diplômes à des étudiants orthodoxes qui étudient dans des collèges haredi, le Mivhar College de Bnei Brak ou le Haredi College de Jérusalem et suivent certains cours à l'université.
Plus de sept mille étudiants sont inscrits dans ces programmes.
Pour eux, le Technion de Haïfa, comme l'université Bar-Ilan ont mis en place des classes séparées selon les sexes.
Pour le professeur Haim Teitelbaum, recteur de Bar Ilan, "il ne sert à rien de vouloir les changer, le plus important, c'est qu'ils viennent étudier, même si c'est à ce prix".

Le Conseil de l'enseignement supérieur (CHE) a donné son accord pour la mise en place de campus haredi distincts, à proximité ou à l'intérieur des universités.
Il interdit en revanche la ségrégation sexuelle obligatoire dans les classes haredi; les universités et collèges peuvent "recommander" une telle ségrégation mais pas l'imposer, au risque de s'exposer à des sanctions disciplinaires.

Source Israel Infos