dimanche 9 juin 2013

Yossi , le nouveau film de Eytan Fox


Ce film sorti en janvier est désormais disponible en DVD. Si vous ne l’avez pas vu au cinéma, ne ratez pas cette deuxième sortie. Eytan Fox est un des réalisateurs dont les créations ont fait connaître le cinéma israélien dans le monde ces dernières années. On lui doit entre autres « Tu marcheras sur l’eau » et « The Bubbles », mais aussi un film sorti en 2002, « Yossi et Jagger » dans lequel le personnage de Yossi voyait le jour. 

Ce film se déroule à Havatzelet, une station d’observation perdue quelque part dans les neiges de Haute Galilée, à la frontière syrienne ou libanaise. Ce paysage blanc de neige qui s’installe dès la première image du film vient immédiatement casser les stéréotypes. Israël n’est pas seulement le pays de la chaleur, et l’armée n’est pas seulement composée de machos virils, l’homosexualité y a sa place comme dans tout le pays.
Ce film est tout simplement une histoire d’amour, à laquelle la mort d’un des deux protagonistes viendra mettre fin. A la douleur de Yossi due à la perte de Jagger, viendra s’ajouter une autre souffrance : l’impossibilité pleurer son amant, son amour, puisque leur histoire est secrète, puisqu’il n’a jamais accédé au désir de Jagger de l’assumer au grand jour.
Dix ans plus tard, le personnage de Yossi revient sur les écrans, seul, dans le dernier film d’Eytan Fox, « Yossi ». Le temps ne l’a pas guéri, son chagrin est toujours là, quelque part. Cardiologue, Yossi vit seul, et n’assume toujours pas clairement son homosexualité. Autour de lui pourtant tout a changé, Tel-Aviv a acquis une réputation de ville gay qui a passé les frontières depuis longtemps, mais Yossi n’a pas suivi le mouvement.


Tout est glauque autour de lui, et il se shoote au travail. Jusqu’à ce qu’un incident pendant une opération, un lendemain de rendez-vous internet misérable qui l’oblige à se regarder, le jette dans sa voiture, direction Eilat, où il n’est jamais allé avec Jagger. En fait, son histoire est celle d’une personne solitaire, empêtrée dans ses jugements pas très tendres envers elle-même, et son homosexualité passe au second plan.
Cette solitude, ce mal-être, ce deuil jamais réalisé, cet abrutissement recherché dans une hyperactivité professionnelle est commune aux hommes et aux femmes de toutes orientations. Cette incapacité à vivre, si elle est ici augmentée du poids de l’homosexualité non assumée, est commune à bien des histoires d’amour qui trouvent une fin tragique dans la mort de l’un des amants. La renaissance à la faveur d’une rencontre salvatrice est tout aussi partagée.
Alors, oui ce film a reçu un prix au Festival de films Chéries-Chéris 2012, c’est clairement un film axé sur l’homosexualité, mais il ne faudrait surtout pas l’y réduire.  Les acteurs sont merveilleux et la musique de Keren Ann est superbe. Eytan Fox a réussi un film de plus, à sa manière qui lui tient à cœur. Ne le ratez pas. En VO bien sur….

Source TribuneJuive