jeudi 22 septembre 2016

Sur le champ de bataille....






Dans son « Michna Beroura » (581,6), l’auteur du « ‘Hafets ‘Haïm » explique au nom du Eliahou Raba, que si la coutume ashkénaze veut que l’on commence à réciter les sli’hot à la sortie du dernier Chabbat avant Roch haChana (ou si la fête tombe un lundi ou un mardi, à la sortie du Chabbat de la semaine précédente), c’est en vertu du fait que 4 jours au moins doivent être consacrés aux sli’hot....




 Et la raison en est la suivante : « Car, il est dit à propos des sacrifices qu’il est nécessaire de vérifier s’il ne possèdent aucun défaut 4 jours avant d’être approchés sur l’autel.
Or, s’il est écrit au sujet des sacrifices : "Vous approcherez un holocauste" (Bamidbar 29, 8), à propos du sacrifice de Roch haChana, il est dit : "Et vous ferez un holocauste" (Bamidbar 29, 2), nous enseignant que le jour de Roch haChana, il nous est demandé de nous comporter comme si nous nous sacrifions nous-mêmes »…
Et sur le verset « Vous voici aujourd’hui tous debout devant l’Eternel, vos chefs de vos tribus, vos anciens, vos fonctionnaires, tout homme d’Israël… Atem nitsavim haYom koulekhem (…) rochékhem chivtékhem, ziknékhem, ouChotrékhem, kol ich Israël » (Devarim 29, 9), le « Or ha’Haïm » demande : « Pour quelle raison le verset devait-il faire préciser (…) sans pouvoir se suffire d’enseigner de manière générale tous (koulekh !em) ?
Quelle est par ailleurs la raison de cette alliance [passée à l’occasion de la paracha Nitsavim] ?(…) ».
Ce à quoi, il répond : « Il semble, qu’avec cette alliance, l’intention de Moché fût de faire entrer l’ensemble des enfants d’Israël dans une relation de responsabilité commune (arévout zé al zé), afin que chacun fasse tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher son prochain de transgresser la parole de D.ieu, chaque un étant dès lors directement impliqué (nitpassim) dans ce que ferait l’autre (…), afin que chacun se sente désormais obligé (it’haïev) envers son frère hébreu, en vertu de ses propres facultés ».
Nous sommes les garants de l’ensemble du peuple juif et de tout ce que celui-ci vit au présent
Ce qui signifie en d’autres termes qu’après cette alliance passée sur les plaines de Moav, chaque membre du peuple juif est désormais responsable, en vertu des dispositions qui sont les siennes, de l’ensemble de la communauté d’Israël ; et, plus un Juif a de potentiel, plus il est concerné par ce principe de la responsabilité partagée.

Cet enseignement est tout particulièrement vrai alors que nous nous apprêtons à pénétrer dans cette période dite des « jours redoutables – yamim noraïm », nous devons nous souvenir que nous sommes les garants de l’ensemble du peuple juif et de tout ce que celui-ci vit au présent ; ceci est vrai d’un point de vue matériel et spirituel.
Le Talmud (Traité Roch haChana, p.18/a) enseigne en effet que pendant les 10 jours redoutables, chaque Juif voit son potentiel augmenter au point d’être comparé à celui d’un tsibour tout entier.
Ainsi en est-il du jour même de Roch haChana. Alors que nous prions pour la vie, nous devons nous souvenir que la vie dont il est question n’est pas seulement celle de notre existence personnelle, mais celle de toute notre famille, de nos proches et de l’ensemble du peuple d’Israël. On pourrait même dire qu’en ce jour redoutable, c’est une véritable bataille pour la vie que nous devons mener.

Un combat nous devons tout donner, et pour lequel le Saint béni soit-Il nous a munis d’armes de premier ordre, comme c’est le cas du chofar. Si bien qu’inversement, quiconque ne se bat pas en ce jour comme il se doit, et en vertu de la responsabilité qui nous échoit, celui-là devra rendre des comptes, ‘has véChalom, pour son indifférence envers la situation matérielle et spirituelle de la nation juive.
Comme l’enseignent nos maîtres (Darké Moché, « Ora’h ‘Haïm » 583, 2), il est déconseillé de dormir le jour de Roch haChana. Et pour cause : le faire, se serait se mettre dans la situation d’un soldat s’assoupissant au beau milieu du champ de bataille…


A partir d’un enseignement du rav Chimchon David Pinkous, Si’hot Eloul-Yamim Noraïm,


Par Yehuda-Israël Rück


Source Chiourim