lundi 23 janvier 2017

Bédouins d’Israël: entre intégration économique et rupture sociale

 
 
Les manifestations d’Arabes israéliens se poursuivent pour protester contre les violences policières dont les bédouins s’estiment victimes. Après une opération de démolition d’un village bédouin qui a tourné à de violents heurts avec la police israélienne, l’heure n’est pas encore à l’accalmie......



Les bédouins d’Israël comptent 240.000 individus ; ils font partie la population arabe (ils sont également musulmans), même s’ils sont des modes de vie qui leur sont propres. Certes, ils présentent certains signes d’intégration à la société israélienne, mais ils restent partagés entre leur statut d’arabe et leur fidélité à l’Etat d’Israël.
Originellement nomades, certains bédouins se sont sédentarisés mais ils vivent encore, pour la plupart, dans des villages non reconnus par les autorités israéliennes, ce qui limite leur capacité d’intégration sociale. Pourtant, les jeunes bédouins servent volontairement dans l’armée israélienne qui a créé pour eux une unité spéciale de pisteurs affectée à la surveillance des frontières.
 
UNE LENTE SÉDENTARISATION
 
Le conflit qui oppose les bédouins à l’Etat d’Israël est d’origine foncière. Aux yeux des autorités israéliennes, les bédouins n’ont aucun droit de propriété sur les terres du Néguev où ils sont pourtant installés depuis de décennies. De nombreuses procédures juridiques ont tenté de résoudre les revendications réciproques mais le problème reste entier.
Autrement dit, c’est la politique publique de confiscation des terres qui a façonné leur place dans la société.
Depuis la fin des années 1960, les autorités israéliennes tentent de les sédentariser en créant à leur intention des localités urbaines. Aujourd’hui, plus de la moitié des bédouins d’Israël vit dans l’une des sept localités bédouines du Néguev construites entre 1968 et 1996 : Tel Sheva, Rahat, Seguev-Shalom, Keseife, Houra, Laquya et Arara.
Ces agglomérations disposent des infrastructures minimales : électricité, eau, égouts, écoles et dispensaires médicaux.
 
DES CITOYENSTRANSPARENTS
 
Les autres bédouins – près de la moitié d’entre eux – continuent de vivre dans une quarantaine de villages non reconnus par l’État d’Israël et ne bénéficient donc d’aucun service public. N’ayant pas d’adresse officielle (ils sont identifiés selon le nom de la tribu à laquelle ils appartiennent), ils sont ignorés des institutions de l’État.
En d’autres termes, les bédouins sont devenus des « citoyens transparents » qui n’ont pas accès aux infrastructures nationales (comme routes, eau et électricité) et aux services publics (comme santé et éducation).
Pour les contraindre à abandonner leur mode de vie nomade, les autorités israéliennes les ont progressivement dépossédés de leurs terres et regroupés sur des territoires exigus.
D’où la difficulté qu’ils éprouvent à se considérer comme des citoyens israéliens à part entière.
 
UNE AGRICULTURE PRIMITIVE
 
Aujourd’hui encore, il est difficile de considérer la communauté bédouine d’Israël comme partie intégrante de l’économie israélienne. Les 240.000 bédouins d’Israël vivent encore en marge de la société, de son économie et de ses institutions.
Une partie d’entre eux vivote d’une petite agriculture primitive et d’élevage, alors que d’autres remplissent des emplois occasionnels dans les industries et services du Néguev.
Si l’agriculture a toujours été la principale activité économique des bédouins du Néguev, elle doit faire face à de nombreuses contraintes imposées par les autorités israéliennes.
Contrairement aux coopératives agricoles juives, l’agriculture bédouine ne bénéficie d’aucune mesure d’encouragement de la part des autorités israéliennes : les quotas d’eau sont très limités et il n’existe pas d’aide publique durant les années de sécheresse.
Quant aux cultures réalisées sur des terres appartenant au domaine public, elles sont fréquemment l’objet de destruction.
 
DES ÉCARTS SOCIAUX
 
Même en comparaison avec la population non juive du pays, le retard économique et social des bédouins est particulièrement fort, par exemple :
- Éducation : 30% des bédouins de 18 ans décrochent le baccalauréat, contre 48% de la population non juive.
- Études supérieures : seulement 4,9% des jeunes bédouins (20-29 ans) font des études supérieures contre 8,4% de la population non juive totale.
- Emploi : 24% des femmes bédouines et 56% des hommes bédouins travaillent, contre respectivement 32% et 72% des non-juifs.
- Salaire : le salaire moyen d’un bédouin est de 5.200 shekels par mois (1.300 euros), soit 2.400 shekels de moins que le salaire moyen de la population du sud du pays.
 
Jacques Bendelac (Jérusalem)
 
Source Israel Valley
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