jeudi 19 janvier 2017

Ces prêtres qui ont sauvé les héros d’ "Un sac de billes", deux enfants juifs fuyant la Gestapo



L’adaptation de Un sac de billes, récit autobiographique de Joseph Joffo (photo ci-dessus), enfant juif fuyant les Allemands pendant la guerre, sort mercredi 18 janvier au cinéma. Dans le livre, l’auteur racontait comment des prêtres l’avaient aidé, avec son frère, à échapper à des arrestations.....



Dans Un sac de billes, Joseph Joffo racontait sa traversée de la Seconde Guerre mondiale avec son frère Maurice, enfants juifs fuyant la Gestapo à travers la France. Un film éponyme sort mercredi 18 janvier au cinéma. L’occasion de se pencher sur plusieurs figures de prêtres émaillant le récit, aidant les enfants à échapper aux camps de concentration.
Le père des enfants Joffo ne reviendra d’ailleurs pas d’Auschwitz où il a été déporté le 20 novembre 1943.
Début 1942, les parents Joffo, qui habitent Paris, envoient leurs deux plus jeunes enfants, Maurice et Joseph, rejoindre leurs aînés à Menton (Alpes-Maritime), en zone libre.
Au cours de ce périple, les deux garçons, âgés de 10 et 12 ans, sans papiers en règle, échappent à un contrôle allemand grâce à un prêtre anonyme qui les prend sous sa protection, assurant que « les enfants sont avec (lui) ».
Le danger passé, le jeune Maurice le remercie d’avoir menti pour les sauver. « Je n’ai jamais menti, murmure-t-il, vous étiez avec moi comme tous les enfants du monde le sont également. C’est même l’une des raisons pour lesquelles je suis prêtre, pour être avec eux », répond le prêtre, cité par Joseph Joffo dans son livre.

Faux certificats de baptême

Autre sauvetage marquant, à Nice, en septembre 1943. Les deux frères sont arrêtés par la Gestapo, et affirment qu’ils sont catholiques. Maurice obtient de pouvoir sortir de l’Excelsior, hôtel niçois transformé en quartier général de la SS par Aloïs Brunner, pour récupérer une preuve de leur baptême. « Petit, si tu ne reviens pas d’ici 48 heures avec vos certificats de baptême, on coupera ton petit frère en morceaux », lui dit-on.
L’adolescent se souvient alors du premier prêtre qui leur a sauvé la vie, dans le train, et décide de frapper à la porte de la première église venue, « l’église de la Buffa », en réalité l’église Saint-Pierre d’Arène. Il rencontre un prêtre, le chanoine Victor Rua.
Celui-ci accepte de les aider, et fait même intervenir l’évêque de Nice, Mgr Paul Rémond, qui fournira de faux certificats de baptême et de communion solennelle pour Joseph et Maurice Joffo ainsi qu’une lettre manuscrite dans laquelle il exige la libération des deux enfants, se déclarant prêt si nécessaire à se rendre au siège de la Gestapo en personne.

Un évêque Juste parmi les Nations

L’épisode narré dans Un sac de billes n’est pas un acte isolé de l’évêque. Déclaré Juste parmi les Nations en 1991, Mgr Rémond avait accueilli dans son évêché le réseau Marcel, qui a sauvé 527 enfants juifs de la déportation en leur fournissant de faux certificats de baptême et en les dispersant dans des institutions catholiques, malgré les forts soupçons des Allemands.
Dès 1933, en effet, Mgr Rémond prend publiquement position lors d’un sermon prononcé le 9 avril en l’église du Sacré-Cœur, où il condamne « les persécutions pour cause de religion », exprimant à la communauté juive sa « douloureuse sympathie » et affirmant « son désir d’adoucir leurs peines et les aider moralement et matériellement ».
En mai 1940, il se rend dans les camps d’internement des juifs étrangers et obtient la libération d’un certain nombre d’entre eux. Il condamne l’occupation italienne entre novembre 1942 et septembre 1943 et lors de l’entrée des troupes italiennes à Nice, il hisse le drapeau français sur l’évêché, raconte le site Internet de l’AJPN (Anonymes, justes et persécutés durant la période nazie). Il encourage les prêtres engagés dans la résistance, les avertissant en cas de danger et intervient auprès des Allemands lors de la pendaison avenue de la Victoire, des résistants Torrin et Grassi, exigeant des autorités qu’ils les dépendent.
Des actions qui lui vaudront une popularité sans faille après la guerre. Lors de ses obsèques, en avril 1963, « son cercueil fut porté de la basilique Notre-Dame à la cathédrale Sainte-Réparate et salué par la foule compacte entre les deux édifices »,raconte dans le quotidien Nice-Matin le P. Gil Florini, actuel curé de Saint-Pierre-d’Arène, « l’église de la Buffa » qui fut la planche de salut des petits Joffo.

Koide9enisrael a publié un article sur ce film ici :

Clémence Houdaille

Source La Croix
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