mercredi 4 janvier 2017

Un sac de billes : critique du film et vidéo....

 
  
 
Dans la France occupée, Maurice et Joseph, deux jeunes frères juifs livrés à eux-mêmes, font preuve d’une incroyable dose de malice, de courage et d’ingéniosité pour échapper à l’invasion ennemie et tenter de réunir leur famille à nouveau....Details et trailer.....
 



En 1975 déjà, Jacques Doillon adapte le récit autobiographique de Joseph Joffo. Cette fois, c’est le réalisateur canadien, à qui l’on doit Jappeloup et Belle et Sébastien, l’aventure continue qui s’en empare. C’est à la faveur d’une rencontre avec les producteurs Nicolas Duval, Laurent Zeitoun et Yann Zenou qu’il découvre le livre.
« Au Québec, il est peu connu » s’excuse t-il. Lui, le spécialiste des fresques familiales pleines de beaux sentiments, tombe en amour pour cette épopée dont la force et l’universalité le séduisent et l’incitent à s’intéresser à cette histoire assurément humaine.
Aout 1944. Un enfant d’une douzaine d’années regagne son quartier de Montmartre qu’il a quitté précipitamment il y a un peu plus de deux ans et qu’il ne reconnaît plus. Si l’endroit n’a pas réellement changé, lui, Joseph est passé brutalement de l’enfance à l’âge d’homme, après avoir erré sur les routes de France pour fuir la menace nazie.
C’est dans ce périple initiatique vu à travers les yeux des deux enfants qui ne savaient ni ce que signifiait être Juif, ni ce qu’était la guerre que nous entraine Christian Duguay.
Dans ce Paris des années 40, tous les garçons jouent aux billes. C’est donc tout naturellement que le film s’ouvre sur une partie acharnée entre Joseph et ses copains.
Titi du 18ème arrondissement, il mène la vie insouciante d’un enfant de son âge au sein d’une famille soudée et aimante. Depuis que l’ennemi nazi a décidé du port obligatoire de l’étoile jaune pour tous les Juifs, son père pressent que le danger se fait plus lourd.
Le cœur déchiré, il décide de les envoyer seuls se réfugier dans le Sud du pays. Joseph garde au creux de la main une petite bille bleue nacrée, sorte de porte-bonheur symbolisant le lien ténu avec ce cercle familial dont il est désormais éloigné mais dont il conserve précieusement les rudiments nécessaires d’éducation pour assurer sa survie et celle de son frère lors de leur périple à travers la France.
Puisque le film se déroule à travers le regard naïf d’un enfant qui découvre le monde, toute surenchère dramatique est bannie et c’est toute une bande de seconds rôles pleins d’humour et de joie quelquefois interprétés par des acteurs de renom (Christian Clavier est attachant dans ce rôle de médecin lucide et protecteur pendant que Bernard Campan offre sa jovialité à un pétainiste plus ridicule que méchant opposé à un résistant courageux sous les traits de Kev Adams) qui défilent.
C’est un curé débonnaire et paternel qui les arrachera de peu aux griffes de la milice, un paysan qui offrira un voyage en camionnette à leurs pieds en sang et un passeur honnête qui leur mettra en lieu sûr. Leurs nombreuses péripéties baignent dans une atmosphère généreuse et pleine d’énergie, calquée sur l’enthousiasme communicatif des enfants.
Le vocabulaire simple et le ton savoureux qu’ils utilisent évitent tout pathos et transforment cette fuite pourtant tragique en une initiation à la vie lumineuse. L’éclairage de chaque scène en atteste. Démarrées dans nuances de gris à Paris, les teintes se font plus chaudes au fur et à mesure de leur avancée vers le Sud.
Mais la colonne vertébrale du film demeure le cocon familial et plus particulièrement la figure du père, celui à qui avec une aisance incontestable Patrick Bruel prête son assurance naturelle et son éternel charisme. Aucun doute que cet homme, parfait équilibre d’autorité et de tendresse, sera à tout jamais une référence pour ses enfants.
Le couple qu’il forme avec une Elsa Zylberstein, toute de douceur et de retenue, fonctionne merveilleusement. Leur bonheur d’être ensemble est palpable. Leur osmose avec les deux jeunes comédiens, dont le naturel fait merveille, est totale et nous convainc aisément de la force indestructible qui unit les membres de cette famille exemplaire.
 Un film délibérément optimiste qui vaut essentiellement par la qualité de ses interprètes, toutes catégories confondues mais aussi un film d’espoir qui fait dire à Joseph Joffo « Aujourd’hui, l’histoire que j’ai vécue résonne de manière forte.
Comme nous, il y a 50 ans, des enfants se retrouvent sur les routes totalement isolés et livrés à eux-mêmes. J’espère que le film nous incitera à nous interroger sur le destin de ces enfants et de ces familles déchirées. »
Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
 
Réalisateur : Christian Duguay
Acteurs : Elsa Zylberstein , Patrick Bruel, Batyste Fleurial, Dorian Le Clech, Dorian Le Clech
Date de sortie : 18 janvier 2017
Durée : 1h50mn

 
 

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