mercredi 13 décembre 2017

Le vrai danger pour Israël : un État binational

 
 
« Le mont du temple est entre nos mains » : le 7 juin 1967, le général Motta Gour exulte dans sa radio crachotante. Ses paras de la 55e brigade viennent de s'emparer du lieu le plus sacré du judaïsme. Entrés par la porte des Lions et après de durs combats contre la légion arabe jordanienne, ils contemplent incrédules le Mur occidental (le mur des Lamentations)......Détails.......


L'antique exhortation « l'an prochain à Jérusalem » psalmodiée depuis deux mille ans lors de Pessah (la Pâques) ou du Kippour devient réalité. Moshe Dayan foule en vainqueur les antiques pavés de la vieille ville. La victoire est totale, les ennuis commencent.
Car si aucun esprit sérieux ne peut nier le lien historique, religieux, culturel entre Jérusalem et le peuple juif, la ville est tout aussi sacrée pour les chrétiens et les musulmans. Personne n'a le monopole de Dieu.

Une prudence de serpent

De 1949 à 1967, la ville était divisée par une ligne de démarcation passant en contrebas de l'hôtel King David. À l'ouest, les Israéliens, qui y ont installé le gouvernement, la Knesset et la plupart des ministères (pas celui de la Défense, qui est à Tel-Aviv).
À l'est, l'administration est assurée par la Jordanie qui contrôle les lieux saints des trois religions.
Après la victoire de 1967, la situation est gérée avec une prudence de serpent notamment par Moshe Dayan. L'esplanade des Mosquées reste sous l'autorité des Jordaniens.
Les sanctuaires chrétiens – dont le Saint Sépulcre administré par les Grecs orthodoxes – demeurent sous le contrôle des différentes églises chrétiennes.
Le statu quo est politiquement brisé en 1980 : Menahem Begin proclame Jérusalem « capitale éternelle et réunifiée d'Israël ». Mais, dans la vie quotidienne, rien ne bouge vraiment.

La bombe démographique

Sauf que l'équilibre démographique est, au fil des années, rompu : la population du grand Jérusalem est juive aux deux tiers.
Cette situation locale ne doit cependant pas faire illusion : dans une entité qui comprendrait Israël, la judée samarie, Gaza et les 20 % d'Arabes israéliens (ceux qui sont restés en 1948 et leurs descendants), les juifs seraient très minoritaires.
Le plus grand danger pour l'identité israélienne n'est donc pas la création d'un État palestinien, mais un état binational où chacun aurait les mêmes droits. Certains Palestiniens, qui ne croient plus aux accords d'Oslo et à la coexistence de deux États, imaginent de porter le combat sur ce terrain.
Si Benjamin Netanyahu est un habile tacticien pour se maintenir au pouvoir, il n'est pas un stratège et n'a aucune vision à long terme.
Il existe pourtant une fenêtre d'opportunité pour tendre le rameau d'olivier : le monde arabe est fragmenté, la Syrie et l'Irak ont implosé, l'Égypte et la Jordanie sont neutralisées, les pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite, obsédés par l'Iran, sont devenus des alliés objectifs.

Source Le Point
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