mardi 20 février 2018

Il a signé un pavé de 785 pages sur l’humour juif....


Adam Biro (photo ci-dessus), écrivain et éditeur, né en Hongrie – qu’il a fuie en 1956 – vit près de Montrésor. Il est l’auteur du récent “ Dictionnaire amoureux de l’humour juif ”.....Interview.......
          
 
C’est à Beaumont-Village, près de Montrésor qu’Adam Biro, écrivain et éditeur parisien, né à Budapest en 1941, a élu domicile – « un peu par hasard » – il y a dix-huit ans.
Il est l’auteur du « Dictionnaire amoureux de l’humour juif », paru chez Plon, dans la prestigieuse collection dont il se vend chaque année plus de 250.000 exemplaires.

Comment avez-vous été amené à écrire ce “Dictionnaire amoureux de l’humour juif ” ?
« On me l’a demandé. J’avais déjà écrit plusieurs volumes de nouvelles construites à partir de blagues juives (*), j’ai accepté avec un immense plaisir. Des blagues juives, j’en connaissais déjà des centaines… »

Pourtant, vous ne faites pas mystère de votre incroyance…
« Absolument. Je ne suis ni croyant, ni pratiquant, et bien que juif, ma connaissance du judaïsme était nulle avant ça.
J’ai commencé à m’intéresser au Talmud pour écrire ce livre. Je n’ai pas eu d’éducation religieuse. Quand j’étais enfant, à Budapest, le judaïsme n’était pas un sujet de conversation chez mes parents.
Mon père était franc-maçon et communiste, ce qui ne vous conduit pas nécessairement vers la synagogue. Mes parents organisaient des excursions le dimanche pour que les enfants n’aillent pas à l’église. »

Comment avez-vous procédé pour écrire ce pavé de plus de 700 pages ?
« J’ai fait venir plein de bouquins, notamment des États-Unis, des copains m’en ont prêté, des livres en hongrois, en allemand, en anglais, et en yiddish, que je lis un peu.
C’est deux ans de travail intense ensuite. Mais vous savez, dans ma famille, raconter des blagues, c’était un sport, entre mon père, mes oncles, comme dans beaucoup de familles juives d’Europe centrale. La parole permet aux mâles de briller. »

Y a-t-il un humour ashkénaze et un humour séfarade ?
« Il n’y a pas d’humour juif spécifique d’Afrique du Nord, car il se confond avec l’humour arabe. Quand on parle d’humour juif, c’est celui des juifs originaires d’Europe centrale. »

Votre avocate en Israël... 

Et c’est quoi, au juste, l’humour juif ?
« Ce qui caractérise l’humour juif, en premier, c’est l’autodérision. On adore se moquer de nous. Le Talmud est très drôle, au contraire de la Bible où il n’y a pas d’humour du tout.
Je crois que l’humour a permis aux Juifs de survivre. Parce que les Juifs pensent que la vie est tragique, et que le seul moyen de combler les failles, c’est de rire. Vous savez qu’on racontait des blagues dans les camps, il y a de nombreux témoignages là-dessus, notamment à Auschwitz. »

Votre famille d’ailleurs a miraculeusement échappé à la déportation…
« Oui, grâce la concierge de l’immeuble, qui nous a cachés alors que les Croix Fléchées, le bras armé hongrois des nazis, étaient venues nous arrêter. »

En 1956, au moment de la répression soviétique après l’insurrection, vous avez 15 ans et vous fuyez Budapest…
« Je suis parti avec un copain, avec l’accord de mes parents. Je suis d’abord arrivé à Paris mais je n’ai pas aimé cette ville, je suis donc allé à Genève où mon père avait un ami ophtalmo.
J’y ai fait mes études de lettres et d’histoire de l’art avant de partir ensuite pour Hambourg. Je ne suis revenu à Paris que dans les années 70. »

Au fait, ça existe un Juif qui n’a pas d’humour ?
« Un Juif pas drôle, dénué d’humour ? Moi, je n’en ai jamais connu ! »
Il est l’auteur de « Deux Juifs voyagent dans un train » et « Le Marchand de lunettes », deux recueils d’histoires juives parus en 2007 et 2009.

Repères

Écrivain, auteur romans, d’essais, d’œuvres de théâtre et de pièces radiophoniques pour France Culture, Adam Biro a fondé la maison d’édition qui porte son nom en 1987.
En 2002, il publiait « Les Ancêtres d’Ulysse », qui retrace l’histoire des siens sur plusieurs générations.
Il raconte sa famille, son enfance, dans cette Europe centrale dévastée par la Shoah puis par la dictature stalinienne. Une édition augmentée vient de paraître aux éditions La Chambre d’échos.

Source La Nouvelle Republique
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